
Notre époque est pétrie d'interrogations. Parodiant une marque célèbre de chocolat soluble d'avant-guerre, L.S.K, C.S.Ki, on pourrait adopter aujourd'hui, sans problème, le slogan fameux : Est-ce le cas ? Et est-ce qui ? C'est vrai, actuellement, on ne cesse de se poser des questions sur tout et même de remettre en question des faits, des personnages ou des actions pourtant depuis longtemps établis.
Hitler est-il vraiment mort dans son bunker ? Est-ce vrai qu'il a existé des relations directes autant que discrètes entre ce dernier et le Président Roosevelt durant la dernière guerre ? Quelle est la réalité des "extraterrestres" de Roswell ? Qu'est devenu Louis XVII ? Est-ce bien le corps de Napoléon qui repose au Panthéon ? Est-il vraiment mort d'un cancer de l'estomac ou a-t-il été empoisonné ? Tel homme politique s'est-il vraiment suicidé ? Peut-on être certain que ce n'est pas Corneille qui a écrit la plupart des comédies de Molière ?
Bref, plus que jamais, le doute s'insinue partout et l'incertitude règne. Pour nous, pauvres généalogistes, il y a belle lurette ( on devrait dire littéralement "belle heurette") que cette incertitude est notre pain quotidien. Nous y sommes confrontés en permanence. Combien de fois ne nous sommes-nous pas interrogés sur la véracité d'un ancêtre présumé ? Quid du Soza 1224 ? Etait-ce le bon ? N'avions nous pas affaire à quelque homonyme ? Est-on bien sûr de la paternité d'untel ? Ces deux individus étaient-ils vraiment frères ? Peut-on raisonnablement considérer que ce patronyme déformé est le même que celui que nous possédions déjà ? Ce patronyme n'est-il pas un surnom que l'ignorance, l'usage et le temps ont fini faussement par nous imposer ? Cet événement s'est-il passé en ce lieu ?
Ce personnage est-il bien issu de cette union, surtout quand le nom de l'épouse a été fâcheusement oublié ou recouvert par une malencontreuse tache ? Cette charmante demoiselle prénommée Martine, née ( les derniers "e" étant plutôt suspects) ne serait-elle pas un gentil garçon subtilement féminisé par un tonton vicaire pour échapper aux affres de la Conscription obligatoire ? L'histoire, et même la plus proche, regorge d'exemples où pour éviter l'opprobre, des bambins clandestins ont été attribués à des géniteurs insoupçonnés et des forfaits horribles à d'innocents coupables. Comment, pour échapper à un génocide ou quelque holocauste, certains ont-ils du abandonner leur véritable patronyme pour en adopter un plus conforme à leur sécurité. Tout cela , bien entendu, ajoute à la confusion, l'erreur, le doute et la terrible incertitude.
C'est pourquoi, les généalogistes ont toujours, au-delà de leurs évidences, un certain malaise à la pensée qu'il y a peut-être quelque part, des zones d'ombre dans leurs superbes tableaux, que leur bel arbre cache quelques branches douteuses et que toutes leurs dures investigations ne sont peut-être que de folles hypothèses. Sans doute est-ce aussi cela qui en fait le charme.
Trop de certitudes émousse parfois le plaisir de la recherche. Le piment du doute est, à certains égards, le catalyseur d'une émotion renouvelée.