N°6 - 2ème trimestre 1998.
J'ai toujours été très frappé par le phénomène de "mode". Pourquoi une société, avec ses multiples spécificités, ses variantes culturelles innombrables, ses individualités complexes et chatouilleuses, affiche-t-elle en même temps des goûts communs pour telle ou telle musique, telles habitudes vestimentaires, telles déviances linguistiques. Et l'on pourrait multiplier les exemples: les uns sont d'ordre artistique ou domestique et ne présentent donc pas de caractère de gravité, les autres sont d'ordre relationnel et peuvent être plus dramatiques mais cela est un autre sujet.
Certes, on rétorquera que la mode est un phénomène propre à la jeunesse et constitue une soupape de sécurité qui permet une certaine forme de contestation. C'est vrai sans doute et le phénomène "jean" en est une preuve: ce n'est pas le confort de ce vêtement qu'il faut enfiler en se roulant à terre qui fait ses adeptes, c'est son antagonisme avec le "BCBG". S'il le faut même, on portera de préférence des "jeans" usés d'avance voire déchirés volontairement.
Mais nous les généalogistes, à quelles pulsions obéissons-nous ? Pas la contestation, je crois, et nous ne sommes plus, pour la plupart, des "teen-agers"...Alors ? L'influence des médias ? Je trouve au contraire qu'il n'abordent que bien rarement le sujet. Le besoin de retrouver une stabilité en ancrant sa personnalité par ses racines ? D'autres époques ont connu des bouleversements de la société bien plus dramatiques sans que ce besoin n'apparaisse. Alors ?
Je n'ai pas de réponse vraiment convaincante. Qui en a une ?
Michel GUIGAL