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La Constitution Civile du Clergé: serments et rétractations.


L'adoption par l'Assemblée, en juillet 1790, de la Constitution Civile du Clergé, ne fut pas sans provoquer, dans les rangs des prêtres de France, des remoux importants. Les uns, favorables encore aux idées révolutionnaires, avaient sans arrière-pensée prêté le serment de fidélité à la Constitution dès que celui-ci avait été exigé. Les autres, plus réticents et influencés par l'hostilité du Pape, avaient atermoyé ou prêté un serment restrictif, considéré par l'administration révolutionnaire comme nul et non avenu.
Quand les choses, de part et d'autre, se radicalisèrent, il fallut bien choisir son camp. D'une part, le non respect de la loi entraînait pour les "prêtres réfractaires" la mise hors la loi, l'arrestation et la condamnation à la peine de mort. D'autre part, les prêtres assermentés tombaient sous le coup de l'excommunication, l'église "constitutionnelle" étant déclarée schismatique.
En Ardèche, l'évêque de Viviers, Mgr Lafont de Savines, avait très précocement prêté le serment à la Constitution, entraînant derriere lui une proportion importante de ses prêtres qui avaient ainsi prêté le serment sans état d'âme, trop heureux de n'avoir pas à décider eux mêmes d'un choix difficile. Les foudres papales en firent réfléchir plus d'un et c'est alors que les rétractations , innombrables, intervinrent. Un peu partout dans l'Ardèche, les curés de paroisses et leurs vicaires se rendirent "en la maison commune" afin de demander au maire à rétracter leur serment. L'attitude des munipalités fut variable, mais le plus souvent, on tenta de persuader les prêtres de n'en rien faire, le risque encouru étant certain, tant pour le prêtre que pour la municipalité. En effet, certaines municipalités, pour éviter les ennuis, avaient omis de déclarer les restrictions mises par certains prêtres à leur serment. Ces fausses déclarations engageaient la responsabilité du maire. Comme l'avaient été les serments, les rétractations furent donc souvent discrètes. Pourtant, il fallait rassurer les catholiques pratiquants, troublés, eux aussi, par l'attitude intransigeante du Pape. C'est donc souvent dans les églises plutôt qu'à la mairie qu'eurent lieu les rétractations.
Notre ami Georges LHOPITAL, qui a dépouillé les registres de Villeneuve de Berg, a relevé l'acte de rétractation d'un vicaire du lieu, J.L. Delent, faite "publiquement à la messe du prône". Son collègue Maigron, dernier prêtre à signer un acte à Villeneuve, ne le suivra pas. Il deviendra vicaire constitutionnel à Annonay et sera relevé de ses fonctions sacerdotales après le Concordat.

Michel GUIGAL

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