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Le mot du Président

N°2 - 2ème trimestre 1997.

Généalogie, quand tu nous tiens....!!

Un récent sondage, réalisé par la Société Planète, indique qu'une personne sur deux a déjà consacré, consacre ou aimerait consacrer une partie de ses loisirs à la généalogie. Une personne sur deux !! Imaginez la cohue dans la salle de lecture des Archives de l'Ardèche si un ardéchois sur deux ( résidents et expatriés confondus) se présentait le matin à l'ouverture du service ! Heureusement, une proportion non négligeable de nos compatriotes et contemporains se contente de rêver à son arbre généalogique sans donner suite à son envie. Le Conseil Général de l'Ardèche a récemment réalisé un important aménagement à cette salle de lecture et pratiquement doublé sa capacité pour absorber l'afflux croissant de ceux qui ont décidé de donner suite à leur penchant. Ceux-ci prient maintenant pour que ceux qui en rêvent continuent d'en rêver. La salle n'est plus surchargée et surtout on ne rencontre plus, à l'accueil, après des heures d'autoroute, cette mention inattendue: "Salle de lecture complète". Mais pour que cette situation perdure, il faut que nous les "mordus", nous les "contaminés", nous fassions en sorte que la contagion ne s'étende pas davantage, que nous découragions les vélleités généalogiques.

Alors, vous qui n'avez pas ( ou pas encore !) cédé au chant des sirènes de la généalogie, il faut que vous sachiez déjà ce qui vous attend si vous "craquez" un jour : sachez que ce jour-là, vous perdrez votre goût du jardinage, de la promenade, du sport, du bricolage. Vous perdrez même l'intérêt que vous portiez à une activité que nos amis italiens ont porté au rang d'un art et à qui ils ont donné un nom : le "farniente" ( fare niente: faire rien). Finie l'observation émerveillée du papillon qui passe, de la petite fleur bleue qui se cache, là sous l'herbette. Finie la longue et douce rêverie au soleil du printemps quand "le ciel est, par dessus le toit, si bleu, si calme". Ce jour-là, vous sombrerez définitivement dans l'anxiété morbide du chercheur toujours insatisfait: "Mais où donc ont-ils bien pu se marier, ces deux-là ? " " Et ce curé du 17° siècle, qui donc lui avait appris à écrire ?" " Et pourquoi écrivait-il sur du papier buvard ?" Ce jour-là, vous oublierez l'attrait des odeurs de cuisine pour leur préférer l'odeur de moisi des vieux grimoires. Ce jour-là, le seul paysage que vous deviendrez capable d'apprécier, c'est celui qu'offre l'écran du lecteur de microfilms. Ce jour-là, vous entrerez en généalogie comme on entre en religion: pour n'en plus sortir. Alors, vous qui rêvez de généalogie, poursuivez votre rêve. Laissez nous à notre misère et à notre réalité quotidienne.

A propos ! Je viens de trouver l'inventaire après décès de mon "3412".....: Youpi!

Michel GUIGAL

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