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Le mot du Président

N°5 - 1er trimestre 1998.

Nous les émigrés...


On est toujours le "bougnoul" de quelqu'un. Je n'en veux pour preuve que l'article d'un journal lyonnais que nous transmet Madame Josette DESSUS, animatrice de notre antenne lyonnaise.
Une équipe de cinéastes français tourne un film dans le quartier de la Guillotière. Le but de l'opération, nous dit-on, est de "retracer l'histoire de la Guille à travers celle de ses différentes immigrations:
d'Ardéchois, Piémontais, Espagnols, Maghrébins, Asiatiques, Turcs....".
Vous avez bien lu. Comme je l'ai fait, vous allez relire. Pas d'erreur: la liste des immigrés de la Guille commence par les Ardéchois et finit par les Turcs. Bien sûr, nous sommes en tête de liste mais je devine que l'ordre choisi n'est que chronologique. Dans la réalité des choses, les Ardéchois sont immigrés au même titre que les Asiatiques. La plupart des Ardéchois d'ailleurs ont même été des immigrés clandestins, faméliques "boat-men" remontant le Rhône dans des esquifs de fortune. Heureusement, les autochtones de la Guille n'étaient pas racistes et accueillaient volontiers ces pauvres bougres. Aujourd'hui, ils les étudient même: l'assistant réalisateur de ce film se nomme Abdellah ZERGUIME, originaire de la Guille, un vrai produit du terroir de Lugdunum. Il porte à la boutonnière la main ouverte: "Touche pas à mon pote ardéchois". Lui aussi a droit à sa différence. Bravo et merci, Abdellah !

Michel GUIGAL

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