Les autres...
Il nous arrive parfois, au hasard de nos trouvailles ou de nos lectures, de retrouver avec une sorte de nostalgie, ces temps d'au-trefois où il était de bon ton, entre villages, ou hameaux d'affubler de surnoms moqueurs les communautés voisines. On se traitait de "mange-tripes", de "racle-tonneaux" et autres joyeusetés perfides mais qui n'entamaient ni la franche solidarité lorsque les nécessités se faisaient sentir, ni les unions indispensables entre les populations locales.
Certes, ce folklore du "mépris joyeux" cachait bien souvent de sourdes luttes, des rivalités douloureuses et des drames inévitables entre des clans ou des factions opposées. mais les batailles territoriales dans les campagnes y paraissaient peut-être plus ponctuelles et plus fugaces dans la mesure où elles ne conditionnaient pas la survie immédiate des belligérants.
Bien sûr, un peu partout, l'intolérance avait conduit aux croisades, aux guerres de religion, aux galères, aux massacres, aux dragonnades, aux inquisitions, aux sacrifices, aux exactions de toute nature.
La volonté permanente de ne laisser aucune place à "l'autre" a toujours été, pour l'homme, un moteur redoutable.
Les évènements du temps présent qui mettent en valeur les différences des multiples ethnies, des traditions religieuses ou des rivalités territoriales me laissent à penser que l'Histoire n'a guère d'imagination dans la motivation de ses conflits et de ses drames.
L'intolérance ne semble guère être passée de mode, malgré le progrès et les prouesses technologiques de la Société.
A l'aube de ce millénaire, même si les modalités sont changées, même si la mondialisation a élargi le champ d'action, on assiste toujours malheureusement aux mêmes querelles interminables, aux mêmes refus contre la spécificité, aux mêmes drames.
Peut-on espérer qu'un jour, l'homme, enfin assagi, cesse d'être un loup pour l'homme ?
J.M.CODOUL